Le plaisir est-il l'ennemi de la morale
L’Arabie Saoudite est un pays où il ne fait pas bon d’exprimer des croyances non musulmanes et encore moins une absence de croyance. Pour beaucoup de Saoudiens, l’athéisme ouvre la voie à une vie dissolue, à la recherche des plaisirs charnels, à des comportements immoraux et à la damnation éternelle. Cette perception de l’athéisme associée à la condamnation de la chair n’est pas sans rappeler celle de la religion chrétienne. Dans ces religions la morale est donc reine, le plaisir lui, est dévalorisé et (presque) condamné.
La morale est une norme absolue, un ensemble de règles énoncées par des institutions : la famille, la religion….Mais qui sont bien souvent discutées. Elle est ainsi une construction d’idées, signifiant bien souvent la présence d’autrui, et incitant à bien se comporter avec autrui. Mais c’est également la façon dont soi-même on se conduit, suivant des règles implicites : agir pour être un honnête homme, un sage, un homme de bien par ex. Le plaisir n’est pas qu’une sensation agréable, mais aussi ce que l’on juge bon d’éprouver, c’est pour ça que l’on recherche naturellement le plaisir plutôt que la douleur. Donc à partir du moment où le plaisir nous indique un semblant de bien, coïncide-t-il avec le bien prescrit par la morale ? De plus, lorsqu’on ressent du plaisir, on va être beaucoup plus centré sur soi-même, il va donc avoir plutôt tendance à tourner l’homme vers l’égoïsme et à le centrer sur lui-même, à l’inverse de la morale. S’interroger donc, si le plaisir est l’ennemi de la morale, soulève l’idée d’une relation conflictuelle liant les deux termes, un antagonisme entre l’aspect solitaire du plaisir et l’aspect collectif auquel renvoie la morale. La figure de l’ennemi amène en effet plusieurs situations possibles : a priori deux ennemis ne peuvent cohabiter : l’un finit toujours par l’emporter sur l’autre : c’est-à-dire qu’à terme, à la suite d’une lutte acharnée, un seul subsiste : le plaisir ou