La rectitude dans l'exercice du pouvoir ne doit être cherchée que dans une personne, ou deux, ou quelques-unes à l'extrême limite, si cette rectitude doit jamais se rencontrer. (...) Or, ceux qui précisément la possèdent, qu'ils exercent leur pouvoir avec ou contre le consentement des gouvernés, qu'ils se conforment ou non à des lois écrites, qu'ils soient riches ou pauvres, il faut, selon notre principe, les considérer comme des gouvernants, quelle que soit la forme de leur pouvoir, pourvu qu'il se règle sur un art. Il en va de même des médecins: nous ne les considérons pas comme moins qualifiés, qu'ils nous soignent avec notre consentement ou sans lui, par incision ou brûlure, ou par l'application de quelque autre traitement douloureux. Ils ne sont pas moins médecins, qu'ils observent ou non des règles écrites, qu'ils soient riches ou pauvres; dans tous les cas, nous ne les en appelons pas moins médecins, tant que leur surveillance est fondée sur l'art, tant qu'ils nous purgent, ou nous font maigrir par quelque autre procédé, ou même nous font prendre de l'embonpoint, avec pour seule fin le bien de notre corps. Nous leur conservons ce titre, enfin, tant qu'ils améliorent l'état de notre corps, et que, chacun pour leur compte, ils sauvegardent par leurs soins leurs patients. Voilà de quelle manière, à mon avis, et pas autrement, nous devrons décider que c'est là la seule définition correcte de l'autorité médicale, et de toute autre autorité.
Platon, Le Politique 293a-293c
Ce texte soumis à notre analyse est un extrait du politique, dialogue du philosophe grec idéaliste Platon. Dans ce passage, il nous parle par l’intermédiaire de l’Etranger de l’art de gouverner. A cet effet, il se demande : comment le pouvoir doit l être manifester par ceux qui le possède ? Il y répond en soutenant que le pouvoir, l’autorité, doit être manifesté en se réglant sur un art. Mais comment l’auteur s’y prend t’il pour soutenir sa thèse ? En vue de l’étude ordonnée, il