Le populisme, voilà l'ennemi !
Curieuse sortie du désert pour ceux que l'on appelle, à tort ou à raison, les"nouveaux réactionnaires". Malicieux pourfendeur des "mutins de Panurge", et du"festivisme" généralisé, le pamphlétaire Philippe Muray (1945-2006) est porté aux nues de la critique, du Figaro au Nouvel Observateur, et est habilement mis en scène, à Paris, par Fabrice Luchini, au Théâtre de l'Atelier. Michel Houellebecq, qui promena naguère son pessimisme schopenhauerien égrené de sentences sur l'islam, obtient le prix Goncourt avec La Carte et le territoire (Flammarion, 428 p., 22 euros). Quant à Eric Zemmour, un temps conspué pour racisme supposé, il officie sur des chaînes de radio et de télé qui ne cessent de le plébisciter.
Certes, le ministère de l'immigration s'est, lors du dernier remaniement, débarrassé de l'empoisonnante "identité nationale" qui lui était accolée. Mais il ne semble pas incongru de considérer que les idées qui étaient jugées abusivement ou justement "néo-réacs" sont pour une part au pouvoir. Car la "bien-pensance" a changé de camp. Loin de l'ère du pacs et des premières Gay Pride, c'est plutôt l'anti-politiquement correct qui est, aujourd'hui, aux manettes. Et les "tabous" ne cessent de sauter, sur l'immigration, l'homosexualité ou la sécurité.
D'où les diatribes et satires souvent convenues des Louis-Ferdinand Célined'access prime time et des Georges Bernanos de "matinale". D'autant que n'est pas Philippe Muray qui veut. Et que l'on n'imagine guère l'auteur de L'Empire du bien (Les Belles Lettres, 1991) coincé entre deux bimbos, une blague ardissonienne et une star en promo.
Même si elle n'échappe pas à ces travers, la revue mensuelle Causeur, dirigée par la journaliste Elisabeth Lévy et l'essayiste François Miclo, se démarque. Rejetant l'étiquette de "nouveau réac" et pratiquant l'humour gouailleur, cette publication s'est fait une place dans le débat d'idées. A lire son dernier dossier, force est de constater la