Le pouvoir de l'apologue
Les fables de La Fontaine, qui lient récit et moralité, mettent en pratique le principe du poète latin Horace, qui est placere et docere (plaire et instruire). Ainsi, un des buts d’une fable ou d’un apologue est de plaire. Dans la préface de son premier recueil de fables, La Fontaine explique par un exemple l’efficacité et la simplicité de l’argumentation indirecte par rapport à l’argumentation directe : « Dites à un enfant que Crassus, allant contre les Parthes, s’engagea dans leur pays sans considérer comment il en sortirait ; que cela le fit périr, lui et son armée, quelque effort qu’il fît pour se retirer. Dites au même enfant que le Renard et le Bouc descendirent au fond d’un puits pour y étancher leur soif ; que le Renard en sortit s’étant servi des épaules et des cornes de son camarade comme d’une échelle ; au contraire le Bouc y demeura pour n’avoir point eu tant de prévoyance ; et par conséquent il faut considérer en toutes choses la fin. ». Il montre donc qu’un récit qui mettrait en scène des personnages simples, souvent des animaux, sans détails superflus et allant à l’essentiel, est un récit dont la lecture est plaisante, agréable et simple. De plus, quelques fois, la morale se trouve parfois dans la bouche d'un personnage, comme le Renard : « Apprenez, Monsieur le Corbeau, que tout flatteur vit au dépend de celui qui l'écoute ! » dans « Le Corbeau et le Renard », de La Fontaine, ce qui rend le récit d’autant plus amusant et plaisant à lire. Il démontre ainsi la légèreté d’une fable ou d’un apologue, contrairement à la lourdeur de la démonstration. Bien que La Fontaine rende les fables plaisantes, il ne leur enlève pas moins leur caractère didactique. La deuxième visée de la fable est donc didactique, et l’argumentation indirecte sert cette visée : « Je me sers