Le rire n'est pas toujours inoffensif. Il peut humilier, rejeter, discréditer, voire annihiler, au moins symboliquement, celui ou ceux qu'il vis« On existe d'abord dans le regard des autres » , D'où l'attachement viscéral de chacun à son honneur et à sa réputation. Et la tentation dans les conflits de voisinage comme dans les guerres, d'utiliser la dérision envers ses adversaires pour les disqualifier ou les déstabiliser, sans affrontement physique. Pour y parvenir, tout est bon : plaisanteries injurieuses et chansons moqueuses, gestes agressifs, caricatures, déguisements grotesques ou même cérémoniaux soigneusement mis en scène par les autorités judiciaires ou politiques. L'obscénité, la scatologie, l'animalité, et même l'anthropophagie sont des registres dont la dérision joue volontiers. Mais de qui se moque-t-on ? La dérision ne vise guère les humbles ou les exclus : indifférence, pitié ou mépris suffisent. Quant aux grands, qui inspirent le respect, mieux vaut se méfier ! La dérision prend alors le tour de comportements codifiés : le fou du roi nargue le souverain ; un dévot peut à l'occasion insulter un saint patron.
Si l’on part de quelques définitions du rire (Baudelaire, Bergson, entre autres), et si l’on admet que le rire est la résultante, ou l’indice, d’une tension entre des contraires, des inconciliables, des différences, et si l’on part du principe qu’un problème est une situation dans laquelle on se trouve face à une difficulté, une interdiction, unecontradiction, le rire peut d’abord se présenter comme une réaction normale, mais on ne prouve pas qu’il s’agisse d’une solution ... D’autre part, traiter du rire dans des situations joyeuses amènerait l’erreur logique de redondance, et de hors-sujet. Il faut donc essayer autrement. Proposition en plusieurs pistes, non développées, non illustrées, éventuellement à reconstruire :
C’est le cas particulier du rire de dérision ou de critique : rire des bourreaux est un moyen de les dominer, de