Le printemps des peuples en allemagne
La France, foyer de la révolution européenne
En mars 1848, le continent européen s’embrase à nouveau, de Vienne à Venise en passant par Prague et Berlin : c’est le « printemps des peuples », explosion simultanée de populations privées de nation et de droits politiques. Les révolutions de 1848 ont en commun, outre les barricades, un style romantique qu’incarnent les chants ou les habits et appelé « quarante-huitard ». Comme en 1789 et plus encore en 1830, les soulèvements qui ont éclaté à Paris ont mis en branle la contestation violente dans les capitales des États voisins, tout en influençant les modes de la révolte et le contenu des revendications : libertés privées et publiques garanties, démocratisation du pouvoir, reconnaissance des nationalités. En Allemagne, à Francfort, s’installe dès le 31 mars 1848 un Vorparlament (parlement préparatoire) pour surveiller les élections au suffrage universel. Deux pouvoirs s’opposent alors : celui des révolutionnaires et celui du principal monarque d’Allemagne du Nord, Frédéric-Guillaume IV, roi de Prusse.
Analyse de l'image
Berlin la révolutionnaire, contre la tyrannie
Berlin, ici représentée, est la capitale de la Prusse. Le symbole de la révolte à la parisienne est sans conteste la barricade – obstacle symbolique et enracinement défensif du peuple face au pouvoir répressif. C’est donc sans surprise que l’on retrouve ce lieu-événement-moment fort (on distingue d’ailleurs des barriques, source étymologique du terme) au cœur de la composition. Dans un contexte iconographique paneuropéen qu’alimente une large diffusion des scènes révolutionnaires par l’estampe, l’auteur anonyme choisit de brosser une scène de nuit qui favorise les contrastes et les jeux de lumière. Le seul élément net de coloration est placé quasiment au centre de l’image : c’est le drapeau tricolore allemand appelant à l’unité territoriale et politique. Le reste est plongé dans une pénombre éclairée par la lune, placide