Le progrès des droits de l'homme
On serait tenté de reprendre le fameux slogan : « vous avez aimé la Commission, vous adorerez le Conseil des droits de l’homme ». Les mêmes causes produisant les mêmes effets fallait-il tant d’énergie pour arriver à un tel résultat ? Sur un ton plus noble, Lord Palmerston répondait déjà à la reine Victoria : « Pourquoi faire des réformes, Majesté, les choses vont déjà assez mal comme cela ». L’article 68 de la Charte des Nations Unies prévoyait expressément la création par l’ECOSOC d’une commission « pour le progrès des droits de l’homme ». Le progrès qui a une grande force symbolique dans la tradition révolutionnaire française s’est perdu en route, vite remplacé par la formule anglaise de « promotion », avec ses connotations consuméristes. Les mots « droits de l’homme » qui font vibrer les coeurs depuis plus de deux siècles, ont eux-mêmes failli être effacés pour le franglais « droits humains ». Comme s’il n’y avait pas de cause plus urgente, la diplomatie française, avec l’appui de la Francophonie, a dû se mobiliser contre une offensive helvético-canadienne qui a fait long feu. Il s’agit d’un contresens linguistique, le mot « homme » visant ici la personne humaine, comme homo en latin, ou anthropos en grec, ou encore mensch en allemand. C’est surtout une aberration juridique, puisque faute de pouvoir remettre en cause les textes les plus fondamentaux comme la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ou la Charte des Nations Unies et tous les instruments internationaux, on en arriverait à écrire « droits de l’homme », en vertu de la loi, et « droits humains » au nom de la mode. A contrario ce serait admettre que tout le travail accompli par les Nations Unies en matière de « droits de l’homme » depuis 1945 l’était sur une base biaisée, comme si dès le départ la Charte n’avait pas proclamé « à nouveau notre foi […] dans l’égalité de droits des hommes et des femmes ». Remettre le compteur à zéro aurait été