La Comédie humaine, qui a fait connaître Honoré de Balzac, recouvre 137 romans et nouvelles. Celle-ci a pour but de dessiner le reflet exact de l’organisation de la société. Le Père Goriot, publié en 1837, fait partie des Scènes de la vie privée. Il jette les bases de l’ensemble des œuvres appartenant à la comédie humaine. Dans les pages précédant l’enterrement du personnage éponyme, le narrateur raconte sa mort. Il insiste sur la solitude de l’agonie du père. Les longues plaintes de Goriot désignent l’objet de son mal : « Ne pas les avoir, voilà l’agonie », dit-il en parlant de ses deux filles. Eugène effectue donc une démarche, vaine, vers chacune d’elle. En effet, seule Anastasie viendra, mais trop tard, après que son père est tombé dans l’inconscience. Il sera mort sans avoir revu celles pour qui il a tout sacrifié. Cette dernière page de roman, située au chapitre IV, raconte la brève cérémonie funèbre du malheureux Père Goriot. Les thèmes essentiels de l’œuvre : l’abandon du père et l’ambition de Rastignac sont présents. En quoi cette ultime scène du roman remplit-elle une fonction symbolique au travers du réalisme social qu’elle met en œuvre ? Tout d’abord, nous verrons en quoi cette scène est réaliste, puis, nous traiteront son côté symbolique.

I.Une scène réaliste
1. Une omniprésence de l’argent.
La contrainte de l’argent a été dominante tout au long du roman ; elle est rappelée ici dans un champ lexical très insistant, et elle s’exerce jusqu’au bord de la tombe : à l’église, Goriot obtient « tout ce qu’on peut avoir pour soixante-dix francs », car « la religion n’est pas assez riche pour prier gratis ». Au cimetière, le clergé mesure son temps sur « l’argent de l’étudiant ». Dans la fosse même, « l’un des fossoyeurs lui demanda leur pourboire » le pronom « leur » montre que payer est presque une obligation. Alors « Eugène fut forcé d’emprunter vingt sous à Christophe », ce qui insiste sur l’obligation du dont d’argent. De plus, les chiffres sont très