Le "quasi-marché" scolaire en belgique francophone
Dans le cadre de cet essai, nous allons nous interroger dans un premier temps sur le contexte historique et politique de la liberté d'enseignement et de l'émergence du « quasi marché » scolaire en Communauté française. Ensuite, nous analyserons le lien entre le quasi marché scolaire et l'inégalité sociale face à l'enseignement en Belgique francophone. Enfin, nous allons proposer quelques pistes pour contrecarrer la dynamique du marché scolaire et les inégalités d'accès à l'enseignement.
Il convient de poser le contexte historique et politique de l'enseignement en Belgique. Un point fondamental de notre système est la liberté d'enseignement qui est revendiquée depuis 1831[1]. Entre 1945 et 1989 la Belgique a connu une « piliarisation » du politique : différentes communautés sociologiques coexistaient de façon cloisonné dans la société, en s'identifiant chacune à un parti politique. A cette époque, le parti étant le dispensaire de l'Etat Providence, les communautés respectives restaient fidèles et loyales à leur formation politique. Il était dès lors crucial de s'assurer que ces différentes communautés puissent profiter librement des offres scolaires. Après 1989, avec la fin de cette piliarisation caractéristique, ces communautés se disloquèrent et la liberté d'enseignement prit une autre dimension qui reste d'actualité : les individus se comportent comme des usagers, des clients du service qu'est l'enseignement[2]. Ils tentent de sélectionner le meilleur établissement et les meilleures filières possibles pour leurs enfants et effectuent une comparaison des offres scolaires. De leur côté, les établissements mettent en place des stratégies d'adaptation aux demandes des consommateurs[3].
C'est cette évolution historique qui nous amène à une réalité qualifié de « quasi-marché scolaire » : celle-ci se caractérise par un financement public, un libre choix de l'établissement par les familles et