Le Rapport de Brodeck, Philippe Claudel
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Humanité et animalité dans l’œuvre
Introduction
À travers le Rapport de Brodeck, son auteur, Philippe Claudel, cherche à dépeindre l’humanité dans ce qu’elle a de sublime et d’horrible à la fois. Dans le roman, ces deux thèmes sont mis en scène par une opposition plus concrète, entre humanité et animalité, qui forme un contraste saisissant et amène le lecteur à une véritable réflexion.
Comment l’auteur parvient-t’ il à faire réfléchir le lecteur sur la condition humaine et animale ?
Pour répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps, de quelle manière les hommes, à divers degrés, sont animalisés, puis dans un second temps, nous nous attacherons à l’humanisation des animaux.
I – Les hommes « animalisés »
L’animalité dans le roman se traduit de plusieurs manières.
Tout d’abord, le sort réservé aux prisonniers, traités comme des animaux, est un procédé utilisé par les gardes, pour les déshumaniser, dans une immonde entreprise de soumission et de d’humiliation. Brodeck le confirme à la page 30 : « Nous devions nous tenir à 4 pattes comme les chiens, et prendre la nourriture en nous servant seulement de nos bouches, comme les chiens » ; suivi d’une réflexion sur son cas personnel « Moi, je mangeais comme les chiens, à 4 pattes avec ma bouche » et « Les gardes ne m’appelait plus Brodeck, mais Chien Brodeck ».
Plus tard dans le roman, Brodeck raconte un événement qui l’a profondément marqué : l’épisode du « Du ». « Le Du partait avec les gardes [...] puis les gardiens faisaient enfiler le panneau Ich bin nichts » (page 80). Il y a donc véritablement une volonté démesurée de réduire les prisonniers à des animaux, des moins-que-rien.
Cependant, en obéissant à leurs supérieurs, en acceptant de faire subir ce traitement, ou pire, en partageant cette idéologie, les gardes renoncent à leur humanité et enclenchent leur propre processus déshumanisation. Un phénomène que dénonce Brodeck page