le repas relève-t'il de la nature ou de la culture
A priori, cette question ne semble pas poser de problèmes. En effet, si nous consultons un dictionnaire, le repas est ainsi défini : « ensemble d’aliments, de mets et de boissons pris en une fois à heure réglée. » Le repas semble donc relever essentiellement de la culture. La nature commande de se nourrir, la culture organise la manière dont nous nous nourrissons. De plus, selon l’étymologie, le terme “mets” vient du latin missum qui signifie littéralement "ce qui est mis sur la table." La table et sa disposition étant des produits du travail humain, n’est-il pas évident de dire que le repas relève uniquement de la culture ? Pourtant l’étymologie du mot repas nous indique que ce terme est issu du vieux français past qui signifiait “pâtée” ou “pâture”. Or, la pâtée et la pâture désignent la nourriture des animaux. Il y a donc un paradoxe : le repas semble lié à la fois à la nature et à la culture. Dans quelle mesure le repas relève-t-il de la nature ? Celle-ci désignant à la fois ce qui est antérieur à l’œuvre de l’homme et ce qui constitue l’essence de l’homme, il conviendra de se demander s’il est possible de retrouver, grâce au repas, l’essence de l’homme dans cet état originaire. Mais si le repas relève de la culture et se range ainsi du côté de l’artificiel, il conviendra de se demander si ce n’est pas en niant la nature que l’homme parvient à réaliser sa nature. Le repas est-il un commandement de la nature ou est-il le lieu par excellence de la culture ? Si la nature et la culture ont la même importance, alors le repas n'est-il pas un équilibre entre deux excès ?
Nous étudierons tout d'abord la manière dont le repas représente l'aboutissement culturel d'une nécessité naturelle. Nous verrons alors ce que le repas implique, c'est-à-dire quelles sont les valeurs qui sont mises en jeu autour d'une table. Enfin, nous montrerons que le moment du