Le retour du don
In: Journal des africanistes. 1991, tome 61 fascicule 1. pp. 107-125.
Citer ce document / Cite this document : de La brosse Véronique. Dons et contre-dons de mariage en Mauritanie : étude comparative en milieu toucouleur, soninké et maure. In: Journal des africanistes. 1991, tome 61 fascicule 1. pp. 107-125. doi : 10.3406/jafr.1991.2311 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1991_num_61_1_2311
VÉRONIQUE DE LA BROSSE
Dons et contre-dons de mariage en Mauritanie Etude comparative en milieu toucouleur, soninké et maure Les contre-dons de mariage, dont je me propose de montrer l'importance face à la « dot » et aux cadeaux donnés par le mari, s'inscrivent ici dans le contexte de sociétés sahéliennes très hiérarchisées, où une prestation matérielle sans réciproc ité indique généralement un rapport inégalitaire. Si l'on omet souvent de se pencher sur la question d'éventuels contre-dons de la famille de l'épouse venant équilibrer l'apport du mari, c'est que l'on a tendance à considérer l'épouse elle-même, ou ses enfants à venir, comme la contre-prestation en échange de la dot. En Mauritanie, si la femme mariée souffre d'une condition inférieure en rai son de pratiques comme la répudiation ou la polygamie, le mariage ne peut se résu mer à l'acquisition, par l'homme, d'une épouse. Tout comme son mari, la femme est membre de la communauté musulmane et dotée d'une parenté dont elle peut se réclamer jusqu'à sa mort ; elle ne saurait par conséquent être considérée comme un objet d'échange, même symbolique. C'est pour réaffirmer ce statut, et pour réfuter publiquement toute assimila tion cadeaux du mari à un quelconque « prix de la mariée », que la famille des de l'épouse restitue à celle de l'époux, sous la forme de multiples contre-dons et souvent avec une surenchère, tout ce qu'elle en a reçu. Dans la volonté systématique de