Le rire
Pour autant tous les sujets se prêtent-ils au rire ? Les sujets tabous
Il existe de nombreux tabous, là encore très ancrés dans les sociétés et dans les époques.
En règle générale, on ne se moque pas des plus faibles parce que c’est cruel. Les handicapés, les pauvres, les victimes ne font pas l’objet du rire de la part des humoristes parce que ces derniers, ce faisant, ne trouveraient pas leur public. Certains s’y sont frottés publiquement et les plaintes contre eux ont eu raison de leurs sketchs. C’est le cas de Patrick Timsit et de Bruno Gassiot qui s’étaient moqués respectivement des handicapés mentaux et des nains.
Pourtant il faut avouer que l’humour dans le cercle privé sur ce type de personnes peut être assez jubilatoire : le limiter serait donc une hypocrisie. Parce qu’il faut noter que l’humour se fait souvent au détriment des autres. C’est une façon de se sentir supérieur, voire épargné, une façon donc de se rassurer.
Le rire « avec » est donc plus politiquement correct que le rire « de » ou « contre ». Mais cette tendance explique aussi les dérives que l’on connaît aujourd’hui : il faut être juif pour se moquer des juifs, arabe pour se moquer des arabes, noir pour se moquer des noirs, banlieusard pour se moquer de la banlieue, femme pour se moquer de la gent féminine, ou encore mère pour se moquer de la maternité[3]…bref, ce rire ghettoïsé semble on ne peut plus restrictif.
Plus largement, l’humour, en ce qu’il implique une mise à distance, réclame du temps. Traiter à chaud, sur le mode humoristique, une actualité dramatique peut être très mal perçu. Certaines blagues sont nées de la catastrophe humaine et sanitaire au Japon et ne sont pas du goût de tout le monde. Mais ce n’est rien d’autre que de l’humour noir, pas toujours de bon goût, il est vrai, souvent dur, froid, cynique mais une forme d’humour quand même.
Or l’humour ne sert-il pas précisément d’exutoire ?
Une fois encore, nous rappellerons que les