Le rire
Le journal de college
13 décembre 2010
Philo : peut-on rire de tout ?
Sébastien : Alors Sami, d’après toi, peut-on rire de tout ?
Sami : Normalement, dans un pays libre, on devrait avoir le droit de rire de tout. Dans une dictature où il y a suppression des libertés, de la liberté d’expression, on n’a pas le droit de rire. Ou alors faut pas se faire prendre ! On peut rire en privé mais attention : sous Staline si tu plaisantais avec le NKVD (la police stalinienne) avec un agent, c’était direction les goulags.
Il y a donc des tabous ?
Oui. La religion, par exemple, est un sujet tabou dans beaucoup de pays. Ceux où la religion a une forte influence, il est difficile de se moquer d’elle sous peine d’être inquiété (voir dessin en bas de page). Sans être en pays de dictature, des humoristes peuvent être limités dans leur expression : exemple au Danemark où des caricaturistes ont été menacés suite à la publication de dessins représentant le prophète Mahomet. La politique : se moquer du parti en Chine ou du Roi du Maroc peut emmener en prison.
Et peut-on rire sur des sujets sensibles ?
Moralement, je dirais que ce n’est pas possible. On devrait pouvoir rire de tout puisqu’on est dans une démocratie mais moralement il y a des sujets tabous sur lesquels l’humour est très limité. Par exemple, les handicapés.
Il y a aussi une forme d’humour appelée autodérision qui vise à se moquer de soi-même et dont les Anglais sont devenus des spécialistes. Dans le parti travailliste, deux frères, David et Ed Miliband, dont l’aîné a dit devant une audience : quand mes parents m’ont eu, Dieu a dit « vous avez raté le premier, réessayez ! ».
Une blague choquante le paraîtra moins si elle est dite par un membre de la catégorie visée par l’humour.
L’humour c’est aussi un remède contre la colère ou la violence. Par exemple, en politique, les Guignols de l’info se moquent de responsables politiques. Ça fait rire sur des sujets qui fâchent et c’est une façon de