Le roi est-il source de toute justice
INTRODUCTION
La garde et la défense du royaume ont pour corollaire de rendre la justice. Cette mission idéale de la monarchie capétienne, est très tôt reconnue par l’entourage du roi, y compris les grands laïcs tel Eudes II, comte de Blois, écrivant au roi Robert le Pieux(996-1031) « que racine et le fruit de l’office royal c’est la justice ».
A la fin du Xème siècle, la dynastie carolingienne s’éteint au profit de la dynastie capétienne. L’héritage de Robert Le Fort a été entamé durant les décennies qui ont précédé l’élection de 987, par des usurpations auxquelles ses descendants n’ont pu s’opposer. Les capétiens doivent se contenter de domaines morcelés, insuffisants à leur fournir ressources en hommes et en argent, force qui leur permettraient d’étendre leur autorité par la force. La justice est passée entre les mains de ceux qui tirent leur force dans la possession de la terre. Cette fâcheuse conjoncture conduit à une prolifération des réseaux vassaliques. Ce défaut de centralisation du pouvoir justifie qu’il existe autant de justice, que de grands propriétaires. Dans cette « mosaïque judiciaire », le roi va tenter d’affirmer sa souveraineté en inversant progressivement l’exercice du pouvoir judiciaire et en le reconquérant. Cette entreprise est loin d’être utopique car « il a reçu une mission spéciale le jour de son sacre, dont nul feudataire ne peut légitimement se prévaloir: le ministerium regis ». Ainsi la fonction royale « ne se conçoit pas en terme de puissance mais de dévouement, plus proche du sacerdoce que du pouvoir »(Arlette Lebigre). Le roi sacré n’est pas un individu parmi tant d’autres. Il a été choisi pour accomplir sur Terre la volonté de Dieu. Plus précisément, pour y faire régner la justice. Ce n’est pas par hasard si le premier des insignes royaux, objets symboliques remis au roi après l’onction du sacre est la main de justice. L’image du roi justicier recouvre une multitude de fonctions de