Le role de la femme au xix
« C’est comme chrétiennes », explique Jeanne Deroin, « comme citoyennes et comme mères que les femmes doivent réclamer le rang qui leur appartient dans le temple, dans l’Etat et dans la famille. (...) Mais c’est surtout cette sainte fonction de mère, que l’on oppose comme incompatible avec l’exercice des droits de citoyennes qui impose à la femme le devoir de veiller sur ses enfants et lui donne le droit d’intervenir dans tous les actes de la vie civile, mais aussi dans tous les actes de la vie politique. »
Lors de la Révolution de 1848, elle se fait connaitre progressivement jusqu'à son action d’éclat de 1849 : elle se présente comme candidate aux élections législatives du 13 mai car « la cause du peuple et la cause des femmes sont intimement liées ». Même si elle ne s'est pas manifestée publiquement avant cette date, on la trouve dans le mouvement saint-simonien, très attentive aux débats sur l’abolition des privilèges de la naissance, l’émancipation de la femme et l’amélioration du sort moral, physique et intellectuel de la classe ouvrière, comme en témoigne sa correspondance de l’époque. Elle est la première à accoler « masculin » derrière le terme « suffrage universel », allant à l'encontre du préjugé voulant que, les hommes étant seuls capables de faire de politique, la question ne se posait même pas d'un droit de vote aux femmes.
Rares sont les voix - y compris dans son camp - qui soutiennent cette candidature. Pierre Joseph Proudhon la juge « excentrique », comme la plupart des socialistes, et même des femmes comme George Sand ou Marie d'Agoult, alias Daniel Stern,