ROMAN ET REALITE

A l'approche de la fin du siècle, de plus au seuil du troisième millénaire, en littérature comme ailleurs, les bilans ne manquent pas.
Côté roman, certains parlent encore une fois de 'crise' en se référant à l'absence d'avant-garde depuis l'éclipse du Nouveau Roman.
D'autres saluent au contraire l'enrichissement du genre par son recyclage dans le narratif grâce à trois discours notamment, qui, chacun à sa manière, offrent un modèle de représentation du réel, donc une prise sur notre temps moderne, à savoir : le discours autobiographique - le discours historique moderne - le roman policier enfin, compagnon de route du 'grand' roman tout au long du siècle, comme en témoigne son utilisation par Gide, Bernanos ou Mauriac, sans oublier Robbe-Grillet et Butor.
Un autre phénomène intéressant à noter au cours des dernières décennies et lié à la disparition de l'avant-garde, c'est que la hiérarchie romanesque a été ébranlée et que les frontières se sont estompées entre 'grande littérature' et littérature dite 'de divertissement' ou 'des masses'.
Dans une perspective de longue durée, un dernier bilan peut être esquissé qui met aussi à profit les résultats de la recherche sur les origines et l'évolution des genres romanesques populaires pour embrasser d'une vue d'ensemble les manifestations diverses du roman français de la modernité en remontant à sa forme matricielle.
Le point de départ commun se situe aux alentours de 1830, avec la découverte du code génétique qui va engendrer les variantes ultérieures en prenant la réalité historique contemporaine comme matériau de base à l'élaboration de la narration.
L'émergence d'une société et d'une culture neuves fait naître un besoin collectif d'interprétation et d'orientation pour remplacer, dans l'imaginaire, les grands mythes organisateurs du passé par un discours historique moderne.
Le thème fondateur de ce roman est la recherche du savoir, la quête par un héros cognitif, puissant ressort de narration