Le roman et le sens de la vie
« Le Roman et le sens de la vie »
D. Rabaté, Corti, mars 2010
L’auteur, Dominique Rabaté est un universitaire qui a beaucoup voyagé (il a enseigné aux Etats-Unis, puis en Norvège) avant d’être nommé à l’Université de Bordeaux III comme maître de conférence, puis professeur de littérature française contemporaine et moderne. L’ouvrage qu’il nous propose synthétise plusieurs de ses thèmes de recherche, dont la question de la voix dans la littérature moderne, le temps dans le roman ou encore la notion d’individu et de collectivité. Cet essai pose la question de savoir si la littérature peut-être le vecteur des interrogations existentielles de notre existence, et dans quelle mesure le roman permet-t-il de reconsidérer le sens que revêt à nos yeux notre propre vie.
« Le Roman ou le sens de la vie » est un titre duquel peut au premier abord émaner une certaine dimension onique. Cependant, une étude plus approfondie nous permet d’y déceler une évidente prise de risque. En effet, un titre si « slogan[1] » peut rapidement être à l’origine de critique visant à qualifier l’auteur de « naïf » ou encore de « romantique tardif », s’il pense être en mesure de répondre pragmatiquement à cette question, qui jusque là était restée ouverte. Cependant, cette même formule se révèle en réalité être une forte prise de position de la part de l’auteur : en effet, elle véhicule l’idée forte que l’expérience existentielle (l’Erfahrung[2]) reste au cœur du questionnement littéraire. Et cela ne va naturellement pas de soi. L’approche de Dominique Rabaté est à mi-chemin entre la littérature et la philosophie. Il se sert d’exemples à la fois issus de la sphère littéraire (et notamment de La Mort d’Ivan Ilitch de Léon Tolstoï et Voyage au Phare de Virginia Woolf) mais il renforce également son propos à l’aide de nombreux exemples, comme autant de béquilles, issus du monde de la philosophie (Walter Benjamin, Georg Lukàcs ou encore Paul