Le roman feuilleton
Stage IUFM Octobre 2002.
Histoire et vérité
1. S'entendre sur les mots
Vérité : sera entendu ici au sens de vérité matérielle. Ce que Jules Lachelier appelle "accord de la pensée avec la chose" et Krzysztof Pomian "la vérité en tant qu'adéquation du savoir au réel". Du point de vue de l'historien, est considéré comme vrai ce qui correspond le plus possible au réel existant ou ayant existé. Cette référence à une réalité "objective" est consubstantielle à l'histoire :
- Langlois et Seignobos (Introduction aux études historiques, 1898) définissent l'histoire comme "représentation d'une réalité passée" et , tout en affirmant que l'histoire est nécessairement subjective, déclarent que "subjectif n'est pas synonyme d'irréel"
- Réfutant le "négationnisme", un groupe d'historiens lyonnais (Le Monde, 29/04/1993) affirment qu' "il existe des faits irréductibles à une quelconque subjectivité historique"
- Paul Ricoeur (Temps et récit, 1, 1983) : "Même si le passé n'est plus et si, selon l'expression d'Augustin, il ne peut être atteint que dans le présent du passé, c'est à dire à travers les traces du passé devenues documents pour l'historien, il reste que le passé a eu lieu"
- Roger Chartier (Au bord de la falaise, 1998) : "Cette référence à une réalité située hors et avant le texte historique et que celui-ci a pour fonction de restituer à sa manière, n'a été abdiquée par aucune des formes de la connaissance historique, mieux même, elle est ce qui constitue l'histoire dans sa différence maintenue avec la fable et la fiction"
Histoire : polysémique, le mot, en français, désigne à la fois la réalité passée et le savoir qu'on en construit. Or ces deux "histoires" sont, au sens propre, anachroniques, décalées : l'histoire est une écriture du passé construite dans le présent de l'historien. C'est dans cet écart temporel que réside, pour l'essentiel, le problème de la vérité de l'histoire. Et cet écart temporel