Le roman sentimental
Le roman sentimental apparaît à beaucoup comme le degré le plus bas de la littérature de masse : on lui reproche d'être mystificateur, niaisement optimiste, d'ignorer la vérité des rapports sociaux, d'être peu réaliste, de véhiculer des stéréotypes passéistes. Pourtant sur le plan formel, les romans sentimentaux ne sont pas plus
"mauvais" que les romans policiers. La "faiblesse" des romans sentimentaux réside plutôt dans leur thème : une quête amoureuse jalonnée d'obstacles traitée de manière schématisée, répétitive et en apparence moralisatrice.
On pouvait croire que ce courant, né au début du 20ème siècle, allait se tarir avec la libéralisation des moeurs; mais le roman sentimental, fleur bleue et chaste connaît toujours une belle vitalité !
Origines
Le roman rose a trouvé son public le plus large grâce au développement de l'alphabétisation tout au long du
19ème siècle et à l'instauration de l'école obligatoire de Jules Ferry (1881). L'émergence d'un créneau commercial féminin explique le passage progressif du roman familial dans les publications comme "Le journal du dimanche" ou "La veillée des chaumières" à de véritables séries autonomes (ex. chez Fayard et Tallandier). Dans son essai,
La relation amoureuse : analyse sociologique du roman sentimental, Bruno Pequignot, distingue plusieurs phases du développement de l'édition populaire :
• En 1863, Moïse Millaud inaugure, avec le "Petit journal", la formule de la vente au numéro à prix réduit.
• A la fin du 19ème siècle, les premières formes du roman d'amour apparaissent chez Charles Mérouvel ou
Georges Ohnet. Ce type de roman fait appel essentiellement à la pitié, à l'attendrissement d'où le terme de
"sentimental" employé pour le désigner (mais le roman sentimental moderne a perdu ces caractéristiques et ne fonctionne pas plus à l'attendrissement qu'à la pitié).
• Avec la Belle Époque, les femmes accèdent à la lecture autonome. Autrefois cantonnées par leurs maris et la