Le rouge et le noir
L'importance des regards est mise en évidence par l'emploi de verbes qui s'apparentent à l'action de voir ou à celle de regarder. Il y a de plus une alternance entre les deux personnages : Mme de Rênal voit Julien sans être vue, puis est découverte, le regard devient alors réciproque : c'est ainsi que la rencontre devient échange.
Les verbes appartenant au champ lexical de la vue
On peut en relever 5 occurrences :" aperçut " l.5 " il ne la voyait pas " l.19-20 " à se regarder " l.32 " Julien n'avait jamais vu " L.32-33 " regardait " l.35
L'imparfait, par opposition, souligne une action qui dure. Le verbe " regarder " (l.35) insiste sur cette idée d'attention, d'observation même presque.
Le plus-que-parfait (" n'avait jamais vu " l.33) fait allusion par la négation et l'antériorité à l'inexpérience du jeune homme, qui n'a aucune référence féminine.
Enfin le verbe " se regarder " (l.32) insiste, par la voix pronominale, sur la réciprocité de l'action et l'échange des regards.
Ce simple jeu sur les temps et les modes permet de faire ressortir l'organisation même de la rencontre.
La place des verbes et la variation des sujets
Le premier verbe a pour sujet : Mme de Rênal. C'est donc elle qui, la première, aperçoit " l'autre " de manière inattendue. Le verbe VOIR (l.9) a lui pour sujet Julien.
La forme négative (" Julien, tourné vers la porte, ne la voyait pas s'avancer " l.19-20) crée une situation dans laquelle Mme de Rênal a tout loisir d'observer le jeune homme sans qu'il le sache.
Après l'échange des premières paroles " Que voulez-vous ici, mon enfant ? " l.22 la situation change : ce qui permet à chacun d'entre eux de regarder l'autre.
L'importance du regard est, de plus, confirmée par une précision que donne Stendhal (l.23) : ce que Julien perçoit chez son interlocutrice est son " regard ", qui exerce sur lui une véritable fascination.
Ce jeu des regards va déterminer une alternance et permettre à Stendhal une