le réel et le sensible
Dans les Essais Montaigne affirme qu’un « suffisant lecteur descouvre souvent ès écrits d’autruy des perfections autres que celles que l’autheur y a mises et appercues, et y prestes des sens et des visages plus riches ». L’écrivain a toujours eu de l’intérêt pour la lecture, activité à la fois mystérieuse et complexe de par les sentiments et les réactions qu’elle provoque. Le lecteur, essence même du livre peut désigner à la fois un personnage de l’histoire tout comme le destinataire des propos de l’auteur. L’auteur s’intéresse à la figure du lecteur jusqu’à le définir dans un livre en tentant bien que mal de l’intéresser et de l’instruire.
Montaigne derrière cette citation tente de nous faire comprendre ce qu’est un bon lecteur. Un lecteur dit « suffisant » ne se contente pas seulement de lire ce que l’auteur a écrit mais il interprète ses sens et tente de lire entre les lignes pour comprendre ce que l’auteur a voulu dire. Parfois il lui arrive de voir plus que ce que l’auteur a voulu dire. Pour être un bon lecteur, il faudrait, selon Montaigne ne pas trop interpréter les écrits et aller dans l’excès, mais faire preuve d’intelligence sans excès et aller à l’essentiel. Il faudrait donc repérer les sens cachés sans pour autant les surinterpréter. Le lecteur établirait de cette manière un lien particulier avec l’auteur.
Seulement, peut-on parler de véritable relation entre l’auteur et son lecteur et en quoi consiste-t-elle ?
Nous nous appuierons sur les types de rapports recherchés entre lecteur et auteur, de quelle manière l’auteur enrichit l’œuvre de manière à laisser le lecteur libre d’interpréter les choses et de quelle manière la nature de leur relation s’établit.
Tout d’abord, lors de la rédaction d’un ouvrage, l’auteur procède à la mise en place des ses règles de jeu. Autrement dit, l’auteur définit le rôle de son lecteur ainsi que les procédés d’écriture qui lui permettent de parvenir à ses fins : susciter un intérêt et