Le régime parlemantaire
Une des idées les plus répandues dans le public, même politiquement cultivé, est que, par opposition au régime parlementaire, le régime présidentiel conférerait à l'exécutif incarné dans le président une sorte de toute-puissance, ce qui conduit souvent à mettre en cause le caractère démocratique de ce régime.
L'exemple américain, auquel il faut toujours revenir, prouve cependant le contraire. Sans doute le président des États-Unis est-il la pièce maîtresse du système politique et ses pouvoirs sont-ils très importants. Mais ils se trouvent à la fois limités et contrôlés, et cela pour deux raisons essentielles (même si l'on fait abstraction du fédéralisme) : tout d'abord les Chambres demeurent détentrices exclusives du pouvoir législatif et du pouvoir budgétaire sans que le président puisse se passer d'elles et sans qu'il puisse les contraindre à s'incliner devant lui ; d'autre part, la faiblesse du système de partis dont peut se contenter un régime présidentiel, dans lequel le soutien quotidien de l'Assemblée au cabinet n'est pas nécessaire, ne met pas à la disposition du président la mécanique d'un parti discipliné. « Si le régime présidentiel aboutit à un gouvernement stable, il n'aboutit pas nécessairement à un gouvernement fort » (M. Duverger).
Paradoxalement, la situation d'un Premier ministre dans un régime parlementaire de type britannique apparaît comme plus forte que celle du chef de l'État en régime présidentiel. La raison en est que le véritable two-party system, dont la Grande-Bretagne offre le modèle, a pour effet de conférer au parti victorieux aux élections législatives un mandat qu'il exerce en divisant son travail politique en deux formations qui ont pour chef unique le Premier ministre : le gouvernement et la majorité parlementaire ne sont que deux « sections » du parti au pouvoir.