Il est certain que nul ne peut nier la contribution féconde de Keynes au sujet de la monnaie. Il a le mérite de mettre l'accent sur la nécessité d'une monnaie dirigée et suggère l'affranchissement des disciplines monétaires imposées par le système de l'étalon -or, par le biais du déficit budgétaire. En effet, le recours à l'augmentation de la masse monétaire en circulation devient tolérable pour lutter contre la déflation et constitue l'instrument susceptible de donner un coup d'impulsion à l'économie et de provoquer une stimulation renouvelée de l'activité économique. Cette nouvelle option qui impose une rupture avec l'orthodoxie financière , signifie de soumettre la monnaie aux exigences de l'intervention de l'Etat pour venir en aide aux banques qui vacillent, faute de moyens financiers, ou pour combler le déficit budgétaire. L'utilisation de l'instrument monétaire est dorénavant efficace au rebours de toute la doctrine libérale, qui par référence aux normes de l'étalon -or , l'avait considérée neutre, hors de la portée de l'Etat.
L'émergence de cette nouvelle politique , qui autorise les variations du taux d'escompte ou la dépense à découvert , est le vif témoin de l'avènement d'une nouvelle ère. Nous n'avons pas plus éloquent que cette phrase de J.M.Keynes pour révéler l'ampleur du changement : « rares sont les Anglais qui ne se réjouissent pas de la rupture de nos chaines d'or. Nous sentons que nous avons enfin les mains libres..... ».

On serait tenté de croire que Keynes prônait un élargissement du champ d'action de l'Etat , sans pour autant en préciser les frontières ni en délimiter les contours. En réalité , il a essayé de définir le domaine d'intervention de l'Etat afin d'éviter toute extension tous azimuts et sans limites de ses actions : « il n' y a d'Etat que pour une action définie ». Ainsi , et malgré sa position en faveur de l'intervention de l'Etat à des fins d'amélioration de bien être social, Keynes s'est opposé aux nationalisations qui