Le rôle des réseaux
Le travail avec les réseaux primaires
PRÉFACE
Je voudrais commencer mon intervention par quelques considérations de caractère général. Les sociétés modernes, et en particulier les sociétés occidentales, c'est bien connu, se caractérisent par le développement des organisations qui investissent, contrôlent, gèrent l'ensemble des registres de la vie sociale. Aujourd'hui, les rapports sociaux sont essentiellement des rapports négociés par diverses institutions ou organisations et l'identité sociale tend donc à se construire par rapport à ces institutions. Cette identité est définie par les rôles assignés en vertu d'un lien institutionnel : scolaire, étudiant, ouvrier, enseignant, facteur, cheminot... Chacun tend donc à s'identifier et à se définir par rapport à ces rôles institutionnels, bien plus que par rapport aux liens de sang, de patrie ou de culture. Par conséquent, l'identité sociale est au fur et à mesure, caractérisée par un processus d'individualisation et d'anomie. Nous voudrions mettre en relation cette simple constatation, cette donnée partagée par de nombreux spécialistes, avec une autre considération, que l'on retrouve dans l'ouvrage de Yves Barel "la société vide"(1).
Lia Sanicola
Professeur en Travail Social Université de Parme
Nous observons qu'aujourd'hui les sociétés locales tendent à disparaître; il existe une rupture du dialogue entre la population et les institutions qui la représentent, entre la périphérie et le centre..."Quand l'établissement social cherche sa population, il ne la trouve pas... La société devient comme étrangère à elle-même, en décalage par rapport à ses propres codes, vivant l'équivalent social du dédoublement de la personnalité".
(1) Barel Y., La société vide, Seuil Paris, 1984, mentionné dans De Gaulejac V., Bonetti M., Fraisse J., L'ingeniérie sociale, Syros, Paris, 1989, p.31.
Les Cahiers de l'Actif - N°258/259
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Actes des journées d'étude