Le rôle du journaliste consiste-t-il à trier l'information
Dans la société actuelle, chacun d’entre nous est confronté à un flot immense d’informations, dû principalement aux importants progrès techniques de ces dernières décennies. Malgré la multiplication des vecteurs de communication, la presse reste, bien évidemment, le secteur le plus concerné par ce genre phénomène. Partant de ce constat, Bernard Voyenne suggère que les journalistes se doivent d’effectuer une sélection pour éviter que les lecteurs ne se noient dans un tourbillon de nouvelles. On peut cependant émettre des réserves quant à l’unilatéralité d’un tel propos, et c’est précisément ce dont nous allons débattre dans les lignes suivantes. Dans un premier temps, nous analyserons le danger potentiel que représente cette méthode de travail, au moyen d’exemples concrets. Ensuite, nous considérerons la place que doit prendre le tri dans le métier de journaliste : est-ce donc là son seul rôle ? Rien n’en est moins sûr… En guise de conclusion, un paragraphe de synthèse permettra de répondre, en partie du moins, à cette problématique.
Tout d’abord, il faut donc se demander quels sont les risques occasionnés par un tri sélectif de l’information. Or, de prime abord, ce genre de pratique n’est pas sans rappeler la censure, qui a sévi à de nombreuses époques et en de multiples lieux. Bien que la liberté d’expression soit en théorie garantie par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, nul n’est besoin de rappeler que son application pratique fait encore défaut dans de nombreux pays. Et, pour peu que le journaliste se trouve sous le joug d’un régime totalitaire, le risque de se servir de la presse pour taire une information jugée – arbitrairement – dangereuse ou diffamatoire est important. En 1787 déjà, Burke parlait de la presse comme d’un « quatrième pouvoir » pour montrer sa force d’influence. De nos jours, en matière de censure, l’exemple de la Chine est symptomatique : le gouvernement