Le rôle du premier ministre
Sous la IIIe jusqu’à la fin de la IVe république, la fonction du Premier ministre n’était pas constitutionnellement garantie mais coutumière. Il était l’objet des intérêts parlementaires, en proie au multipartisme, aux clivages partisans et aux successions chroniques de gouvernements. Sa nomination dépendait du soutien de la majorité en place à l’issue de chaque législative. Ainsi, il changeait au gré des évolutions ou coalitions politiques des partis au pouvoir. Aujourd’hui, on dirait plutôt que le rôle du Premier ministre dépend de son tempérament, de sa conception du pouvoir, de ses relations avec le chef de l’état et de sa capacité à utiliser et exploiter les ressorts que la Constitution peut lui apportée. D’un côté, l’esprit et la conception gaullienne des institutions de la Ve république mettent en avant l’action et la prééminence présidentielle sur la direction de la politique nationale. L’élection du chef de l’état au suffrage universel direct par le peuple, le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral ont contribué à amoindrir le rôle du Premier ministre au profit du chef de l’état. En effet, le vote d’adhésion au chef de l’état à l’issue des législatives signifie que les électeurs donnent au chef de l’état son soutien pour mettre en œuvre sa politique. C’est la version présidentialiste du régime qui domine. En revanche, dans le cas d’un vote sanction au chef de l’état, c’est la version parlementaire du régime et la lettre de la Constitution qui ressort. Ce sont donc deux légitimités nationales qui se confrontent, l’une présidentielle l’autre parlementaire. Ainsi, le rôle du Premier ministre sortira renforcer dans le cas d’une cohabitation mais sera effacé en période majoritaire au profit de l’impulsion du chef de l’état. Dans le premier cas de figure, le Premier ministre est le leader de sa majorité et doit à la fois composer avec le chef de l’état en trouvant des compromis dans le domaine des