Le second discours de l'accusation, sur le meurtre d'eratosthène, expression écrite
2360 mots
10 pages
Juges, je ne puis me résoudre à ce que la justice revête le manteau de l’absurdité ; condamner l’âme d’Ératosthène pour un crime qu’elle n’a pas commis ne serait qu’accepter et scander l’incongruité. Si sa culpabilité est soutenue, c’est alors que chaque homme, moi y compris, mérite de passer devant vous et de ne quitter ces lieux que pour se rendre en prison ; car Ératosthène fut de loin l’homme le plus vertueux, non seulement dans cette affaire, mais aussi durant sa vie : il faisait preuve de tous les mérites qu’un homme puisse porter, et le condamner au nom d’une loi quelconque, pour un crime qu’il n’a pas commis, serait permettre à cette même loi de devenir un subterfuge que tous les scélérats emprunteraient alors afin de se sortir de leurs mauvaises affaire. Or personne ne veut d’une loi qui tolérerait tous les crimes dans notre cité juste et si bien maintenue en ordre par vos soins, c’est pourquoi je vous demande, juges, d‘écouter à nouveau ma version des faits, afin que justice soit véritablement rendue. Je tiens à souligner mon désintéressement dans cette histoire : je ne compte en tirer ni gloire ni argent ; ce sont seules mon honnêteté et ma volonté de faire triompher le bien qui me mènent ici, devant vous. Il n’en est certainement pas de même de la partie adverse qui, au contraire, tente de faire prévaloir le mensonge, la fausseté, l’agrément. Euphilètos se présente comme victime de l’adultère que lui aurait infligé mon ami Ératosthène alors que c’est, bien au contraire, le défunt qu’il faut plaindre : arnaqué, humilié puis mis à mort, voici maintenant son âme profanée par des paroles mensongères. Je vais tacher de vous rappeler, juges, quel homme était Eratosthène et pour quelle raison il a été assassiné. Je tenterai donc de vous prouver que mon ami n’était nullement amant de la femme de l’accusé, mais plutôt créancier auquel on refuse le remboursement, et qu’il n’est donc, dans l’histoire, non pas blasphémateur, mais martyre.
Eratosthène vécu