Le silence dans fin de partie

2088 mots 9 pages
En quoi le silence a-t-il un rôle important dans Fin de partie ?

« Beckett : une apothéose de l’écriture du silence au vingtième siècle ». C’est le titre qu’Annette de La Motte donne à son essai consacré à l’œuvre de Beckett, dans lequel elle montre que le silence est tout ce vers quoi tend l’œuvre romanesque de cet auteur. Il s’agit là d’un paradigme assez inattendu, surtout si on confronte cette thématique du silence à l’œuvre dramatique. Le théâtre n’est-il pas, bien au contraire, la possibilité de faire entendre une voix sur le silence et donc de mettre fin au silence le temps d’une représentation ? Si Pierre Larthomas souligne dans Le Langage dramatique que la magie d’une pièce de théâtre réside dans le fait qu’elle naît du silence et retourne au silence, dans les pièces de Beckett, le silence semble déborder ces limites pour envahir le corps même de la pièce. On pourrait dès lors s’interroger avec profit sur la place occupée par le silence dans une des pièces les plus connues de Beckett, Fin de partie.
Dans un premier temps, on mettra en évidence l’omniprésence du silence dans la pièce, qui devient un actant dramatique à proprement parler. Ensuite, cette présence dévorante du silence sera associée à la mise en scène d’une véritable débâcle du langage. Enfin, c’est la portée métaphorique de ce silence, préfiguration de la mort et du néant, qui sera analysée.

1. Un silence omniprésent
Dans les didascalies proliférantes, le silence semble envahir l’espace scénique, au point de se transformer en actant. Beckett semble chercher à faire entendre littéralement le silence : « un long silence se fit entendre » dit Hamm de manière paradoxale, avec l’association des termes antithétiques silence/entendre p. 69. Il a y a surtout quatre cents didascalies « un temps » qui deviennent des sortes de trous de silence émaillant le texte. On a presque l’impression d’un phrasé musical, d’une partition rythmée par des soupirs, des pauses nombreuses - on sait combien Beckett

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