Se taire pour apprendre à parler « Fais silence en toi et écoute », enseigne Bouddha. Le silence pour écouter, le silence pour respirer, le silence pour méditer, le silence pour apprendre à parler. Silence vient du latin silentium (de silere) : se taire. Il peut être passif : je ne parle pas ; il peut être un état : en opposition au bruit ; il peut être actif : je m’empêche de parler afin de mieux écouter, d’écouter plus loin. Le silence ne marque-t-il pas également un temps de repos en musique, permettant de reprendre sa respiration, rythmant les notes de musique. Le silence marque aussi une continuité dans la parole ou la musique. « Quand on a entendu Mozart, le silence qui suit est encore du Mozart » (Sacha Guitry). Le respect du silence est une des premières règles initiatiques dans les traditions occidentales comme orientales. Certains ordres monastiques font vœu de silence. Se tenir silencieux le temps de son « apprentissage » était déjà de coutume dans les loges de compagnons maçons opératifs ; les disciples de Pythagore observaient sept ans de silence ; Rabbi Akiba ne s’est-t-il pas abstenu de parole durant douze ans ? Pour les Peuls (peuple d’Afrique de l’Ouest), la parole est comme un fruit dont l’écorce serait le bavardage, la chair l’éloquence et le noyau le bon sens : c’est par la parole mais en se taisant que l’on accède au bon sens et le bon sens, c’est-à-dire le retour sur soi pour mieux percevoir le monde, prépare à la parole. En maçonnerie, le silence est une sorte d’ascèse, une préparation qui permettra de pouvoir s’exprimer plus tard. Le silence prépare à mieux être pour soi et donc pour les autres. Apprentie, j’entre en moi pour apprendre à me connaître, apprendre à écouter et donc apprendre à connaître l’autre. L’écoute que provoque le silence va créer un flux à double sens : émetteur et récepteur. Je n’entends plus seulement, j’écoute. Le silence oblige à tirer parti de ce que disent les autres autrement qu’on le ferait s’il y avait un