Le sociocostructivisme
Etiennette Vellas Université de Genève Qu’est-ce que le socio-constructivisme se demande le citoyen qui a lu ou entendu ce mot durant la campagne qui vient d’avoir lieu à propos de la votation sur l’école à Genève. Le mot est rebutant ? A des résonances savantes ? Peut-être. Mais essayons de le comprendre. Pour ne pas lui faire dire ce qu’il ne dit pas. Le socio-constructivisme n’est ni un mode d’enseignement, ni une méthode, ni une pratique pédagogique. Il n’est pas plus une théorie de l’enseignement. Ce n’est qu’une réponse, celle de l’ensemble de la recherche, à la question générale : qu’est-ce qu’apprendre ? comment les êtres humains apprennent-ils ? Cette théorie dit que chaque être humain construit sa connaissance. Que tout apprentissage passe par une activité mentale de réorganisation du système de pensée et des connaissances existantes de chacun. Que sans cette activité, aussi invisible qu’intense et complexe, aucun savoir nouveau ne peut être intégré. Elle insiste en outre sur le rôle majeur des interactions sociales pour que cette activité de construction ait lieu (d’où le mot socio ajouté au mot constructivisme). De Piaget aux travaux les plus récents, la recherche a attesté de l’existence de cette construction et de sa dimension interactive. La contester est aussi absurde qu’affirmer que la Terre est plate. C’est pourquoi aucun expert en processus d’apprentissage ne peut imaginer aujourd’hui un enseignant qui ne verrait pas l’enfant comme constructeur de ses connaissances. Et c’est pourquoi un des rôles des recherches de la pédagogie, des diverses didactiques et des sciences de l’éducation en général est d’aider les enseignants à mieux observer, stimuler, encadrer, réorienter cette activité mentale des élèves indispensable à l’apprentissage. Quand les systèmes éducatifs font du constructivisme leur "théorie de l’apprentissage de référence ", ce qui est une nouveauté, ils font preuve