Le sport vie des idées
Entretien avec Isabelle Queval
Florent GUENARD
Tout à la fois hyperspectacle et culte de l’effort, représentation de l’idéal démocratique d’une inégalité par le mérite et mise en scène de la force, jeu et immense marché, le sport contemporain, comme le souligne la philosophe Isabelle Queval, est complexe, équivoque, démesuré. À l’image de nos sociétés contemporaines et de leurs aspirations.
La Vie des Idées – Spectacle planétaire par excellence, plus encore peut-être que les Jeux Olympiques, la Coupe du Monde de Football capte l'attention des médias, constitue pour les grandes firmes l'occasion d'investissements et de profits conséquents et, ici ou là, détourne les opinions publiques des enjeux politiques ou économiques auxquels elles sont aujourd'hui confrontées. En un mot, la Coupe du Monde de Foot, est-ce encore du sport ? Isabelle Queval – La formulation même de votre question pointe la nécessité de définir avant tout ce qu’on entend par « sport ». Car la Coupe du Monde de football n’incarne pas bien évidemment l’exhaustivité des significations de ce terme. Vous donnez ici en exemple un sport pratiqué à très haut niveau, qui est en outre le plus populaire, le plus universel, mais aussi l’un des plus professionnalisés. C’est pour cela que la Coupe du monde de football est l’un des emblèmes du sport-spectacle, avec ce que cela suppose d’enjeux économiques, politiques ou géopolitiques, le 1
tout poussé jusqu’à ses limites les plus outrancières. Donc, oui, la Coupe du monde de football est bien du sport, à condition de dégager plusieurs niveaux de réflexion.
D’abord il est impératif de toujours bien distinguer entre le sport de haut niveau et le sport de masse, ou entre la compétition professionnelle, la compétition amateur et la compétition de loisirs, ou encore de trancher parmi les finalités qui peuvent être celles du sport d’élite, du sportsanté, de l’éducation physique scolaire, le tout étant souvent et indûment