Qu’est-ce que la logique ? Le sens commun interrogé dira que cela doit être est une sorte « d’étude de la pensée », « étude du raisonnement ». Mais la pensée peut s’entendre de deux manières. Le psychologue et le logicien ont tout deux affaire à la pensée en un sens, mais pas dans le même sens. Le psychologue s’intéresse aux faits de conscience, aux vécus de conscience et à leur explication. Ce n’est pas le champ d’intérêt, le point de vue du logicien sur la pensée qui est seulement intéressé par la question de la vérité. La psychologie ne rencontre la pensée du logicien que sous l’angle du statut de croyance dont elle peut chercher les causes, mais le statut de sa vérité n’est pas son problème. « Le psychologue n’a point à s’occuper de la vérité ou de la fausseté d’une croyance ; le jugement faux est pour lui un fait au même titre que le jugement vrai. Ce qui intéresse le logicien, c’est précisément la distinction du vrai et du faux.. Le premier recherche à quelles conditions une croyance est, le second à quelle condition une croyance est fondée ». Ce sont là deux points de vue différents. La pensée, en tant qu’elle porte sur des idées, ne se réduit pas à du psychologique. On appelle justement psychologisme l’attitude qui tend à réduire l’idée à un phénomène de conscience passager. Par exemple, la théorie de l’éducation de Rousseau possède une certaine validité, un contenu logique qui mérite qu’on l’étudie. Ce n’est pas parce que Rousseau a laissé ses enfants à l’assistance publique que pour autant ce qu’il dit sur l’éducation est sans valeur. En rester à cette critique, c’est faire du psychologisme et perdre de vue la valeur de vérité d’une doctrine en ne voyant que la psychologie de son auteur. (texte)
Cette distinction en appelle une autre. On pourrait objecter que la vérité contenue dans la pensée est en fait l’objet des sciences. Cependant, il faut distinguer l’attitude logique du spécialiste, de celui qui raisonne en mathématiques, en biologie, en