Le statut de l'auteur
Renaissance
1. Du point de vue de la fonction de l’auteur. Au XVIe siècle le poète est considéré (et se considère) comme un « prophète », un « maître de vérité », car la poésie est divine : elle consiste dans le furor poeticus, un «ravissement », une inspiration dont Dieu est l’origine. Ronsard par exemple écrit que :
Dieu est en nous, et par nous fait miracle
Si que les vers d’un poète écrivant
Ce sont des dieux les secrets et oracles
Que par sa bouche ils poussent en avant.
Cette idée de la « fureur poétique » découle du néoplatonisme de la Renaissance (c’est-à-dire de l’interprétation chrétienne que la Renaissance donne des idées du philosophe grec Platon, à savoir que la seule réalité est celle des idées, dont les objets terrestres ne sont qu’un reflet imparfait). En même temps, les poètes de cour revendiquent le statut de conseillers des princes. Le poète de la Renaissance a donc une double ambition : religieuse et politique.
2. Du point de vue de la notion d’ « auteur ». On assiste au cours du siècle à une évolution significative :
- au début du XVIe siècle, Rabelais, dans le prologue de Gargantua, posait le problème de la « lecture allégorique » (chercher un sens caché derrière les mots d’un texte) : est-ce que l’auteur a eu vraiment l’intention de dire ce que ses commentateurs lui font dire ? Rabelais ne donne pas de réponse tranchante, laissant au lecteur la responsabilité de l’interprétation de ce qu’il lit. Mais en même temps, de manière ambiguë, dans la lettre de Gargantua à son fils, Rabelais recourt à l’autorité des auteurs anciens : le savoir est encore pour lui conçu comme un apprentissage des auctores (n’oublions pas que les mots auteur et autorité ont la même étymologie : le substantif latin auctor, lui-même dérivé du verbe augeo, qui signifie « augmenter »).
- A la fin du siècle, Montaigne se dresse contre les abus de l’allégorie, de la recherche du «