Le sujet anthropologique
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Si du sujet, nous ne pouvons donner une définition à priori car il n’est pas un être mais un faire en situation et en devenir, il est en revanche relativement facile de percevoir tout ce qui aujourd'hui s’oppose résolument à lui. Étant parvenu à s’affranchir de la communauté, il se trouve maintenant soumis à de nouvelles dépendances. C’est dans ce passage d’un régime personnalisé de répression à un régime impersonnel de contrôle que se joue ce que nous proposons d’appeler une anthropologie politique du sujet.
Ce dernier est maltraité. Il est traité comme une marchandise et souvent beaucoup moins bien. Il est déconsidéré, méprisé, soumis de manière taylorienne à des impératifs de fonctionnalité et de rentabilité qui s’accompagnent d’une anesthésie des émotions et de la réflexion. L’idéologie dominante de notre époque est une idéologie technocratique et utilitariste : celle du laminoir économiste et productiviste de l’intégration totale qui crée en fait de l’indifférence (littéralement sans différence) et de l’exclusion. Elle envahit progressivement tous les domaines de l’existence et notamment de la culture (appelé « produits culturels ») qui devient chaque jour de plus en plus du commerce.
L’instrumentalisation du sujet, et son corollaire la simplification, commence avec l’instrumentalisation et la falsification du langage. Ainsi dans la vie de l’entreprise, il n’est plus question de sujet mais de « ressources humaines » dont on peut se débarrasser par « restructurations économiques ». Dans le domaine de la santé, il n’y a que des « patients », dans celui des sciences (y compris des sciences humaines), des objets (de recherche) et dans la vie quotidienne, comme il n’y a plus d’adversaires mais seulement des clients, nous voici tous réduits à une fonction majeure, celle de « consommateurs ».
Ces expressions qui s’insinuent, d’une