Le survenant
Le Survenant semble doté du physique de ce qui était considéré comme un « vrai homme » pour l’époque et d’une intériorité propre à la nôtre : il est à l’image typique d’un coureur de bois, déguisé en Indien, insoucieux de son allure extérieure, par ses vêtements qu’il porte à la redondance. Il est même décrit par Angélina en étant : « À la fois sec, robuste de charpente, droit et portant haut la tête, pareil à un chêne, il avait ce bel équilibre de l’homme sain, dans toute la force de l’âge.» Les yeux gris-bleu, un front étroit et expressif s’agitant à la moindre parole et une crinière en broussailles, bouclée naturellement, d’un roux éclatant « pire qu’un feu de forêt. Son nez aux ailes nerveuses était large et à la fois busqué; son menton, court, taillé en biseau, on dirait; mais sa bouche, aux lèvres charnues, bien dessinées, d’où le rire s’échappait en cascades comme l’eau impatiente d’une source, sa bouche était belle… »
Sa mentalité est cohérente avec celles des époques plus avancées jusqu’à l’actualité, éprise de liberté hippie et d’une perception différente du bonheur, non définie par les biens matériels et d’une stabilité sédentaire, mais par un laisser-aller nomade et trop de pointe pour cette communauté austère et clos d’esprit. Contrairement aux habitants du Chenal du moine, il n’est pas un être qui planifie pour les différentes saisons à venir mais un qui apprend par les intempéries de demain, c’est-à-dire qu’il vit au jour le jour. Sa marginalité est mise en œuvre lorsqu’évoque des pays lointains et parle de