le syllogisme
Marcel Crabbé
Les traditions se perdent. La théorie des syllogismes n’a pas plus d’intérêt pour le logicien contemporain que n’en a, par exemple, l’alchimie pour le chimiste.
Cependant, contrairement à l’alchimie et à d’autres sciences anciennes dites dépassées, la théorie formelle du syllogisme n’est pas fausse, elle est seulement extrêmement limitée et pauvre en regard des développements de la logique contemporaine.
Le logicien actuel, qui ne s’intéresse pas à l’histoire de son domaine, ne la traite au mieux que comme un exercice élémentaire 1 .
1
La logique chez Aristote
La logique d’Aristote aborde des problèmes très variés. Les écrits qui reçurent le titre général d’Organon (Instrument) constituent une initiation à ses textes scientifiques et philosophiques. L’Organon comprend les Catégories (énumération des rubriques sous lesquelles on peut classer les différentes propriétés d’un objet ou d’un individu), le traité De l’interprétation (analyse des énoncés et de leurs relations), les Analytiques, se subdivisant en Premiers analytiques (théorie du syllogisme) et en Seconds analytiques (théorie de la démonstration en science), les Topiques (théorie de l’argumentation à partir des prémisses plus ou moins probables) et les Réfutations sophistiques.
Seuls De l’interprétation et les Premiers analytiques relèvent de la logique proprement dite. Cette logique s’est scolarisée au cours des temps et surtout au
Moyen Âge. Une série de manuels et de traités ont eu pour effet de mécaniser la démarche du philosophe. Une tradition s’est ainsi progressivement constituée. Elle a eu, jusqu’à l’avènement de la logique contemporaine, une influence considérable.
Nous donnerons un aperçu rapide de la partie minimale de cette tradition 2 .
1. Pour un jugement plus nuancé, nous renvoyons à notre article « The Formal Theory of
Syllogisms », The Review of Modern Logic 9 no 1–2, 2001–2003, pp. 29–52.
2. Notre