Le sénat : la chambre (il)légitime ?
Quand Lionel Jospin taxe le Sénat d' « anomalie constitutionnelle », il n'est pas le premier à émettre des critiques vis-à-vis de la Chambre Haute française. Alors qu'Yves Mény va même jusqu'à parler de « séquelle de l’histoire constitutionnelle » et Noël Mamère, plus cynique, de « maison de retraite pour privilégiés de la politique », les Français défendent le Sénat. Le peuple français reste effectivement attaché à cette institution. Par deux fois et par la voie du Référendum, il lui confère toute sa confiance en 1946 et 1969. Le Sénat, institué par la proclamation du 2 décembre 1851, est un élément nécessaire à l'établissement du bicamérisme. On voyait en lui « une seconde assemblée formée de toutes les illustrations du pays, pouvoir pondérateur, gardien du pacte fondamental et des libertés publiques ». Quelles raisons poussent alors ses détracteurs à souhaiter sa réforme, voire sa suppression ?
Analyse de cette institution décriée.
Jean-Pierre Marichy, auteur de la deuxième Chambre dans la vie politique française depuis 1875, établit clairement le problème que pose le Sénat au sein de notre pays en écrivant ceci : « Si dans le cadre d'une monarchie limitée ou dans celui de l'Etat fédéral, le bicamérisme ne souffre guère de discussions, il est loin d'en être de même dès qu'il apparaît dans un Etat unitaire et démocratique ».
Le bicamérisme est un système d'organisation poli-tique qui a vu le jour progressivement en Angle-terre, à partir du XIIIe siècle. L'action de la Chambre basse, (chez nous, l'Assemblée Nationale) élue au suffrage direct et représentant donc directement le peuple, est modérée par l'examen de la Chambre haute ( le Sénat ), élue généralement au suffrage indirect et représentant souvent des départements, des régions ou des états. Cette dernière est souvent plus conservatrice de par ses origines, vestiges d’un compromis fait à l’aristocratie avec comme meilleur exemple, la Chambre des Lords