le talent
Dans la dernière partie de son cours, le professeur est également assailli par un certain nombre de tics du langage qui reviennent à une fréquence effrénée, tels « continuons » 13 fois ou « regardez » 9 fois.
La caricature est de plus renforcée par les sottises émises par le professeur, qui y croit sincèrement. Il devient ainsi de plus en plus absurde, mais aussi de plus en plus vaniteux et imbus de lui-même. Il croit ainsi devoir complexifier ce qu'il devrait clarifier, afin de valoriser son savoir.
Le mouvement de la pièce a en fait pour but de démasquer le tyran qui sommeille dans tout professeur. Il énumère ainsi tous les procédés de mise au pas utilisés par les professeurs, depuis « Mademoiselle…qu'est ce que je viens de dire ? » à « Silence ! Que veut dire cela ? ». Il passe ensuite à la réprimande et l'humiliation, tandis qu'il perd le contrôle de lui-même : ainsi « Mademoiselle je dis ça pour vous ! Merde alors ! ». Viennent ensuite les impératifs lapidaires comme « N'interrompez pas ! Ne me mettez pas en colère ! ». Le meurtre apparaît comme une conséquence de la fureur du professeur qui échoue dans sa mission. Il se justifie d'ailleurs ainsi à la fin : « Elle ne voulait pas apprendre ! ».
2) La dimension du désir dans le pouvoir
Par le procédé de grossissement des traits du personnage jusqu'à l'absurde, Ionesco réunit comique et tragique : le professeur n'est capable d'aucun sentiment, il n'a que des désirs physiques : incapable de résister à ses pulsions, il passe à l'acte, et cela quotidiennement depuis vingt ans.
Afin d'assouvir ses désirs, il abuse de son pouvoir. Il ne possède en fait qu'un pouvoir relatif, corrélé par le besoin de l'élève de progresser intellectuellement. Or, Ionesco grossit encore une fois les traits pour rendre cette leçon, à nos yeux, un véritable viol : à moitié curé, à moitié instituteur, d'un certain âge comme l'indique sa barbe