LE TARTUFFE ACTE III, scène 3.

La première question qu'il est nécessaire de se poser, lorsque l'on aborde un travail d'interprétation autour de cette scène, est liée à la lecture que l'on se fait de la fable. D'elle dépend l'interprétation de la partition du rôle de Tartuffe.
Au sens étymologique du terme, l'hypocrite, c'est d'abord l'acteur. et dans cette pièce la question de l'être et du paraître, du vrai et du faux se pose constamment.
Tout y est spectacle, représentation théâtrale, tout est réduit aux signes et aux apparences. Il faut voir pour pouvoir croire (que ce soit la dévotion ou le désir interdit, dont l'épicentre est la seconde rencontre entre Elmire et Tartuffe, à l'acte IV, rencontre durant laquelle Orgon, le mari incrédule est caché sous la table).
Il faut attendre le troisième acte pour que la figure de Tartuffe fasse son apparition sur la scène. Plusieurs indices de sa personnalité ont été énoncés par chacun des membres de la famille d'Orgon tout au long des deux actes précédents, si bien que le spectateur a fini par se forger une première image toute particulière de sa personne: image complexe et contradictoire. Le théâtre des apparences a déjà commencé (et le spectateur en est la première victime). En effet l'addition des témoignages est fort disparate.
Cette apparition retardée, ingéniosité dramatique redoutable, doit avoir pour effet de déstabiliser le spectateur lorsque Tartuffe fait son entrée. Du moins c'est comme telle qu'elle doit être utilisée par le metteur en scène et les acteurs. On veillera à ce qu'elle vienne défaire tous les clichés que le spectateur pourrait avoir tissé précédemment dans son inconscient.
Par ailleurs, on ne peut jouer aujourd'hui cette pièce sans avoir en tête plusieurs versions importantes qui en ont été données après la seconde guerre mondiale et qui ont mis à mal une certaine lecture réductrice sinon de la pièce, du moins de la partition du rôle de Tartuffe : le faux dévot hypocrite, laid,