Le taylorime
Alternatives Economiques HS n° 36 ; Juillet 1998 Le travail à la chaîne a encore de beaux jours devant lui. Il a su s'adapter aux charmes de la variété, tandis que les contraintes de qualité et la logique des flux tendus ont favorisé son extension chez les cols blancs et dans les services.
Qui s'en souvient ? Naguère, on craignait de se retrouver dans un monde gris et uniforme, où chacun s'habillerait de la même façon, roulerait dans la même voiture, se meublerait à l'identique... L'enfer. Et aujourd'hui nous ne savons plus où donner de la tête : les catalogues des VPCistes pèsent des kilos et les rayons des hypermarchés s'étendent sur des kilomètres (même si nombreux sont ceux qui ne peuvent contempler ce spectacle que de loin). Nous vivons désormais dans un monde où la variété domine et où les looks changent avec les saisons. Mais quelles ont été les conséquences de cette modification de nos modes de consommation sur nos manières de produire ? Les produits uniformes des années 60 étaient fabriqués en grande série dans des ateliers tayloriens. L'arrivée de produits variés, personnalisés, fréquemment renouvelés a-t-elle sonné le glas du taylorisme ? On le dit souvent, mais ce n'est pas réellement ce qui s'est produit.
Des produits variés au coeur standardisé
Si les produits sont plus variés aujourd'hui, sans être devenus pour autant plus chers, c'est en fait parce que les industriels ont su trouver les moyens de marier les charmes de la variété avec les avantages de la standardisation. Le meilleur exemple en est sans doute offert par les montres Swatch : des centaines de modèles, pour tous les goûts, mais un seul mécanisme, un seul boîtier et un seul bracelet. Une seule montre en réalité. Et dans tous les micro-ordinateurs en vente au même moment dans le monde, on ne trouve guère que deux ou trois microprocesseurs distincts.
Jean-Martin Folz, qui vient de succéder à Jacques Calvet à la tête de PSA, a annoncé que les usines du