Le texte théâtral est-il suffisant en lui-même pour monter un spectacle?
INTRODUCTION Le théâtre est avant tout une forme de spectacle particulièrement vivante qui réunit interprètes et spectateurs. A la fois littérature et lieu public, il occupe une place particulière parmi les genres littéraires et sa spécificité rend complexe la manière d'aborder le texte. Il s'agit en effet d'une écriture destinée à une représentation. Dès lors, on peut se demander si ce texte est suffisant en lui-même pour monter un spectacle. Parfois trop contraignant, parfois trop vague, il demande toujours un travail d'adaptation scénique. En premier lieu, nous étudierons l'importance des didascalies. Ensuite, nous nous interrogerons sur le rôle du metteur en scène. Nous terminerons en évoquant la multiplicité des moyens d'expression qui fait l'originalité d'une représentation.
DEVELOPPEMENT Dans le théâtre classique, celui de Molière ou de Marivaux, l'histoire occupe le premier plan. Les didascalies, internes ou externes, sont discrètes et se limitent en général à indiquer les déplacements, les entrées et sorties des personnages. Les conventions formelles (la règle des trois unités, par exemple) ou la constance des thèmes (comme les mariages contrariés, les rapports entre maîtres et valets) donnent au texte sa structure. Tout au plus, on note certaines indications comme "accourant à Julie" ou "Je regarde de tous côtés" ("Monsieur de Pourceaugnac") mais elles restent insuffisantes à celui qui veut monter un spectacle dynamique.
Par contre, le drame romantique est plus riche en didascalies et l'auteur plus directif. Dans la première scène de "On ne badine pas avec l'amour", Musset introduit un narrateur dans le rôle du Choeur qui annonce l'arrivée de maître Blazius et de Dame Pluche. C'est ainsi que les personnages sont décrits physiquement avec précision; leurs gestes, leur maintien sont également évoqués. Même idée au siècle suivant chez Anouilh où le Prologue