Le theatre absurde
Le théâtre des années cinquante est un genre renouvelé par deux dramaturges, Eugène Ionesco et Samuel Beckett. Le drame psychologique, la tragédie antique revisitée (Giraudoux), la comédie sont désormais écartés, et la mise en scène est réduite à quelques objets emblématiques, à un décor saugrenu. Les obsessions des personnages sont "cultivées" par des monologues confus ou des dialogues illusoires, dans lesquels le langage - son pouvoir, ses structures, ses préjugés idéologiques - est sans cesse remis en cause.
Ce nouveau théâtre a parfois été nommé le "Théâtre de l’Absurde", car il rappelle en effet les thèmes existentialistes des oeuvres de Sartre ou de Camus. Toutefois, cet absurde ne semble pas aboutir à un engagement (Sartre) ou à une révolte (Camus). Personnages et situations chez Ionesco et Beckett semblent plutôt s’immobiliser dans un tragique total, un nihilisme sans fin. La nature absurde de ce "nouveau théâtre" trouve également ses origines dans le mouvement surréaliste, et plus généralement, dans le rejet des propagandes totalitaires, fascisantes, qui ont tant marqué les premières décennies du XXe siècle.
Le commencement « Le théâtre de l'absurde »
Au XXe siècle, le plus populaire parmi les mouvements d’avant-garde fut le théâtre de l’absurde. Héritiers spirituels de Jarry, des dadaïstes et des surréalistes, influencés par les théories existentialistes d’Albert Camus et de Jean-Paul Sartre, les dramaturges de l’absurde voyaient, selon le mot d’Eugène Ionesco, « l’homme comme perdu dans le monde, toutes ses actions devenant insensées, absurdes, inutiles ». Rendu célèbre par Eugène Ionesco (la Cantatrice chauve, 1951 ; Rhinocéros, 1959) et par Samuel Beckett (En attendant Godot, 1952), le théâtre de l’absurde tend à éliminer tout déterminisme logique, à nier le pouvoir de communication du langage pour le restreindre à une fonction purement ludique, et à réduire les personnages à des archétypes, égarés dans un monde