Le thème du soir dans les fleurs du mal de baudelaire
Baudelaire, tout jeune encore, pour des raisons familiales, pour des raisons de caractère qui lui font choisir une certaine forme de vie, souffre d’une hantise qui l’a poussé à tenter de se suicider à 24 ans. Suicide d’un poète qui veut se justifier : « Je me tue parce que je suis inutile aux autres — et dangereux à moi-même. Je me tue parce que je me crois immoral, et que j’espère. » Sauvé, il se livrera ensuite à une activité fiévreuse et incohérente, continuant d’accumuler les poèmes qui composeront Les Fleurs du Mal, tardivement publiées en 1857, condamnées, modifiées et rééditées en 1861 et en 1868.
Dans ce contexte, le recueil apparaît comme le compte rendu d’une angoissante expérience de la vie. Toute l’œuvre le dit : en proie au spleen, cette angoisse si voisine du "mal du siècle" dont souffrirent les premiers romantiques, Baudelaire cherche une issue ; mais l’Art, l’Amour, la Vie de Paris, le Vin, l’Abîme même qui s’ouvre, la Révolte ou la Mort ne lui sont d’aucun secours, il lui faut rester dans ce vertige et s’y complaire.
Pour cette enquête sur soi-même, pour cette quête toujours renouvelée d’une raison de vivre, quel moment plus favorable que le soir ? La lumière resplendit et disparaît, messagère symbolique d’espoir et de mort ; le ciel serein promet l’apaisement, la nuit qui vient, l’oubli dans le néant. Comment le soir ne serait-il pas le moment privilégié, aimé du poète ?
Situation et importance du thème dans le recueil
Sur les quelque 150 poèmes que réunit la dernière édition des Fleurs du Mal (1868), le thème du soir n’apparaît que dans 13 pièces proposées par les morceaux choisis. C’est peu si l’on considère le nombre ; c’est beaucoup si l’on pense que le soir n’est qu’un thème d’inspiration et non pas l’un des grands sujets qui donnent leur nom aux diverses sections du recueil, "Spleen et Idéal" étant d’ailleurs de loin la plus riche avec 85 poèmes.
Ce thème est naturellement évoqué par des mots appropriés qui