Plus qu'un genre conventionnel, le théâtre serait un genre paradoxal puisqu'il crée du vrai par le détour de l'artifice. Le théâtre est l’hôte du mensonge, et depuis toujours. Il y a deux mille ans, on se pressait voir les « hypocrites » : c’est étymologiquement le mot grec qui désignait les comédiens, ces gens-là qui se cachaient sous leur masque pour ne pas être reconnus. Mais si le théâtre est un mensonge, il ne s’en cache pas ! Et finalement rien de moins hypocrite qu’un comédien, dont la fonction sociale est peut-être de nous faire ouvrir les yeux sur la comédie du monde ! Elles offrent une image de la société et en dévoilent la vérité : les pièces engagées des XIXe etXXe siècles peignent la réalité du temps et rapprochent ainsi le spectateur de la vérité.

La vertu du théâtre qui, en montrant le faux, atteint le vrai est encore mieux mise en évidence dans les œuvres où les personnages jouent, à l'intérieur même de la pièce, la comédie. Ainsi, dans Le Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux, le travestissement permet à Silvia et à Dorante de jeter le masque et de s'avouer leurs sentiments. Le théâtre joue donc un rôle de révélateur. Le théâtre est surtout représentation. Or, représenter signifie « remplacer », « tenir lieu de » : le verbe implique la notion d'illusion. Et, de fait, rien n'est vrai au théâtre. Tout ce qui fait la réalité de la vie - lieu, espace et temps, mais aussi parole - y est transformé. La matérialité factice de la mise en scène est aisément visible.
• Au théâtre, le lieu est illusion : le spectateur admet que la scène présente comme réel un lieu en réalité factice
• Hugo explique que « le théâtre n'est pas le pays du réel : il y a des arbres en carton, des palais de toile, un ciel de haillons, des diamants de verre, de l'or de clinquant, du fard sur la pêche, du rouge sur la joue, un soleil qui sort de dessous la terre. »
• Les masques du théâtre antique amplifient et déforment voix et visages pour mieux souligner l'identité