Le théatre et autre genre littéraire
Lorsque Silvia se sent prise d’amour pour Dorante, son attitude face à Lisette puis à son père et à son frère reflète une authenticité psychologique amoureuse qui, sans caractériser la jeune première de manière singulière, relève d’une vérité de l’amour. Le feu des répliques de Silvia lorsque l’on touche à « Bourguignon », qui n’est que Dorante déguisé, sa susceptibilité excessive, sa nervosité, tout la révèle sans qu’elle ait dit mot de son amour et nul ne s’y trompe : « J’ai donc besoin qu’on me défende, qu’on me justifie ? On peut donc mal interpréter ce que je fais. Mais que fais-je ? de quoi m’accuse-t-on ? Instruisez-moi, je vous en conjure : cela est-il sérieux ? me joue-t-on ? se moque-t-on de moi ? Je ne suis pas tranquille. »
L’amour commence par se cacher, et se cacher d’abord à soi-même en prétendant se cacher aux autres. Mais ces derniers voient toujours plus clair, et ni Mario ni Monsieur Orgon ne s’y trompent, pas plus que Lisette. Réel et irréel jouent ensemble dans ce moment du Jeu de l’amour et du hasard. Il