Sa naissance – le 13 avril 1906 fut le plus grand malheur de la vie de Samuel Barclay Beckett, pour qui, toute sa vie, l'être sera une imperfection dans la pureté du non-être. L'horreur commence avec la vie. Tous les héros de Beckett, enfermés dans des asiles, des chambres, des trous, larves lovées en position fœtale, reculant le langage jusqu'au borborygme, au gargouillement, là où s'efface la prétention au sens, CITATION « Je préparai donc ma phrase et ouvris la bouche, croyant que j’allais l’entendre, mais je n’entendis qu’une sorte de râle… Mais ce n’était rien, rien que l’aphonie due au long silence » tous ces héros raconteront le fantasme d'une régression prénatale. (Tous ceux qui tombent, 1956) : Tuer un enfant, dira-t-il plus tard, c'est « couper court à un fiasco en fleur »
Beckett est un des principaux représentants du théâtre de l’absurde, qui montre une existence dénuée de signification et met en scène la déraison du monde dans laquelle l’humanité se perd. Par exemple dans « En attendant Godot », les personnages sont des clochards qui attendent, au bord d'une route, un certain Godot, qu'ils ne connaissent même pas, et dont ils doutent de l'existence. La particularité de Samuel Beckett (et aussi Ionesco) est qu’il a exposé une philosophie dans un langage lui-même absurde qui réduit les personnages au rang de pantins, il détruit entre eux toutes possibilités de communication, ôte toute cohérence à l’intrigue et toute logique aux propos tenus sur scène. Trop souvent réduite par la critique à sa seule dimension absurde, son œuvre théâtrale témoigne de la misère et de la solitude inhérentes à la condition de l’Homme, de l’impossibilité radicale d’être