Le théâtre parisien au xviiième
Le XVIIIe siècle à Paris est marqué par une « théâtromanie » qui anime la société en entier. Le théâtre, loin d’être qu’un simple divertissement, est un véritable lieu de sociabilité et de rencontre, voire une nécessité du quotidien pour les plus aisés[1]. Sur une population de 500 000 habitants, on estime que le public assidu s’élève autour de 50 000 personnes, soit une personne sur dix[2]. Ce public est loin d’être homogène. Il rassemble des individus de tous les statuts et de toutes les conditions, du simple roturier à l’aristocrate de la cour. Or, si l’aristocratie et la haute bourgeoisie peuvent facilement payer pour assister aux spectacles, le tiers état lui connaît quelques difficultés face à la contrainte monétaire. Malgré cet important obstacle, le théâtre semble demeurer pour lui une priorité, voire parfois un indispensable. Il devient donc pertinent ici de se demander quelles sont les raisons pour lesquelles le peuple assiste aux représentations théâtrales à Paris au XVIIIe siècle? Les réponses données à cette question dans l’historiographie sont multiples. Lagrave et Larthomas soutiennent que le théâtre est avant tout pour le peuple un immense divertissement où les individus fêtent et s’émerveillent de la magie du théâtre. Rougemont, Goubert, Roche, Root-Bernstein et Vittu défendent que la « popularisation » du théâtre est une étape préliminaire à la Révolution et aux changements de société. Jean, Ravel et Petitfrère affirment en ce sens que le théâtre est un espace de contestation pour le peuple. À la lumière de l’historiographie consultée, nous pouvons affirmer que le théâtre à Paris au XVIIIe siècle est pour le peuple un lieu de contestation de la structure socio-politique et un exutoire des tensions sociales de l’Ancien Régime. Pour faire notre démonstration, nous observerons comment le peuple au théâtre réussit à contester la hiérarchie sociale et le régime et comment dans les deux cas le