Le théâtre russe au xix ᵉ siècle
Il serait absurde de déclarer que le théâtre russe a toujours eu sa personnalité propre, qu'l est né et s'est affirmé de temps immémorial en tant qu'art national. Le théâtre russe, digne de ce nom, fut créé d'abord sous l'influence de multiples modèles étrangers, fait dû en partie aux persécutions religieuses dont étaient l'objet tous les « jeux » d'origine populaire, en partie au retard général qu'infligèrent à culture russe trois siècle de joug tatare et les troubles qui leur succédèrent. Au temps où la France avait déjà ses Molière, ses Racine, ses Corneille, toute tentative de spectacle théâtral en Russie était rigoureusement punie comme « jeu diabolique ». Ce n'est qu'à la fin du ΧVII ͤ siècle qu'on voit apparaître les premières troupes étrangères, qui se produisent devant les tsars moscovites, et il faut attendre le milieu du ΧVIII ͤ siècle pour que l'impératrice Élisabeth publie un oukaze organisant un théâtre russe.
Si, avant cet événement, on ne pouvait parler que de théâtre étranger en Russie, la formule le « théâtre russe » doit encore être mis entre parenthèses pour la période qui suit, car le répertoire était d'emprunt, le texte traduit, les acteurs s'évertuaient à imiter des modèles étrangers et, loin de voir là matière à critique, on en tirait une sorte de gloire.
Ainsi le dramaturge Soumarokov, nommé directeur du théâtre nationale, annonce fièrement : « C'est moi, ô Russes, qui vous ai révélé le théâtre de Racine… » Enfin, au début du ΧIΧ ͤ siècle, s'engage la lutte pour un théâtre authentiquement russe. Il est vrai qu'à la fin du siècle précédent Fonvizine avait écrit deux comédies satiriques qui montrent certains aspects de la vie russe et où les héros, outre leurs noms indigènes, possèdent des traits du caractère national; mais construction, intrigue y sentent l'inspiration étrangère. Néanmoins ces pièces, en particulier le Dadais, se jouaient encore, a eu l'occasion d'y tenir un rôle.
La naissance d'un