Dans la Grèce antique, le théâtre était un art destiné à être regardé par un public. D’ailleurs le mot "théâtre" vient du verbe grec theatron (en passant par le latintheatrum) qui désigne l'action de voir. D'autres mots faisant partie du lexique dramatique renvoie directement à cette même étymologie : "spectacle" (qui se donne à voir), "représentation" (à la vue), et tout ce qui ressort du vocabulaire de l'illusion comme le trompe-l’œil. L'époque classique visait l'illusion mimétique du théâtre, une représentation du réel sur scène. Plus tard, certains écrivains brisèrent cette illusion, notamment Victor Hugo qui dit que « le théâtre n’est pas le pays du réel » mais plutôt « le pays du vrai », apportant au XIXème siècle une autre vision de l’art de la représentation. Mais quoiqu’il en soit, depuis la Renaissance, les pièces n’étaient en principe écrites que pour être jouées. En effet, la représentation théâtrale permet de mettre en relief l'intérêt de la mise en scène pour souligner la richesse d'une pièce, notamment en ce qui concerne la scénographie, le jeu des acteurs, les costumes et les choix d'adaptations. Cependant, le texte joue aussi un rôle important, en tant notamment qu’objet littéraire grâce à la variété de l’écriture, les messages véhiculés, et la portée morale propre au texte. Mais l’on peut alors se demander, si, comme le disait Molière, « le théâtre n’est fait que pour être vu », ou bien le texte théâtral peut-il se suffire à lui-même ? Nous développerons dans une première partie la thèse défendant l’idée de la primauté de la représentation théâtrale, puis nous expliquerons dans une seconde partie que malgré cela, lire une pièce de théâtre ne peut pas être dommageable, avant de souligner dans une troisième partie l’aspect en fait complémentaire de la représentation et du texte. Tout d’abord, nous allons développer la thèse en accord avec les propos de Molière. Son point de vue peut s’exprimer à travers l’une de ses autres citations venant de